Telle une chenille qui porte en elle sa capacité à devenir un papillon, nous avons cette capacité à nous éveiller à nous même.
Le yoga nous propose ce chemin.
Notre être, selon la philosophie du yoga, est multiple. Fait de 5 enveloppes ( que j’ai entrepris succinctement de vous présenter la semaine dernière) et composé de plusieurs entités. Pour simplifier sans pour autant vulgariser nous sommes habités par une entité spirituelle (nommée « purusha » en sanskrit qui signifie littéralement habitant de la cité. Cet être à plusieurs mots selon les traditions que l’on emprunte, l’âme, l’esprit, le « drastu » dans les yoga sutra ,« atma » dans le védanta etc…
Il est dit dans les yoga sutra que cette entité spirituelle ne change pas elle est parfaitement pure (II20) et elle va refléter les qualités qu’on lui présente et se tinter, un peu comme à l’image d’un diamant qui va refléter la couleur sur laquelle on la pose, sans pour autant prendre cette couleur.
Ce purusha, notre âme, peu importe le terme employé quand celui si vous parle, est notre véritable nature. Comme le disait si bien Pierre Teilharde de Chardin « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine » Mais ce purusha est voilé par notre manas (notre mental) un peu comme les nuages qui assombriraient le ciel, jusqu'à nous faire oublier la présence même du soleil.
Notre esprit est donc destiné à se purifier, de toute lourdeur, de toute matérialité, de toute agitation jusqu'à devenir pur et limpide ; permettant alors de percevoir notre véritable nature. Calmer les vagues de l’océan, alors la vision du fond merveilleux, nous est possible. Ainsi la pratique du yoga tend à la découverte de cette entité présente en chacun de nous. Mais la pratique de yoga ne se résume pas seulement à une activité physique, respiratoire ou autre. Les yoga sutra définissent la pratique du yoga en 2 sutra (I12_13_14)
La 1ère qualité, « abyasa » en sanskrit est une question de temps. Dans une société basée sur l’immédiateté (clik and collect, le drive etc …) le yoga quand à lui est une affaire de lenteur. L’idée de constance associée à cette notion de temps est primordiale. Comme l’apprentissage d’un instrument ou d’un art quel qu’il soit, il est n’est donnée de pouvoir en jouir qu’après de longues heures d’apprentissage et de lecture de note. Mais toutes sortes d’exercices mêmes très simples et très brefs peuvent être nourrissant. Combiné à l’habitude (aux « samskara » en sanskrit) dans notre quotidien il confère alors une régularité de pratique. Quand je me retrouve dans mon lit je m’allonge un moment et avant de m’endormir je détends tous mes membres. Dès que je vais promener mon chien je profite d’une balade pour me concentrer sur l’appui des pieds dans le sol etc.
La deuxiéme qualité, « vairagyabhyam » non moins compliquée est celle du détachement. Martin Neal, mon formateur, à coutume de dire que c’est un changement progressif de priorité dans la vie qui s’opère. Cela permet aussi de garder à l’esprit ce qui pour nous aujourd’hui est impossible à « lâcher » dans une possible entrave à notre liberté intérieur. Ce détachement n’est pas synonyme d’indifférence, car le lâcher prise demande beaucoup de lucidité sur soi même et d’attention. Pour lâcher prise, se desserrer, pour laisser un espace advenir, il faut se décontracter. C’est aussi pour cela que le yoga accorde autant d’importance à la décontraction qui est l’école du détachement. Le détachement aujourd’hui n’est pas non plus chose facile, nous avons tous tendance à vouloir plus, mais à l’inverse nous ne voulons nous délester de rien. C’est aussi pour cela que cette approche de l’expiration dans la pratique de yoga est primordiale. Une expiration consciente, permet alors de recevoir ce qui est juste.
Ainsi l’idée de régularité, jalonnée dans un temps suffisamment long, conjuguée avec un détachement nous amène à entrevoir les qualités d’une pratique de yoga et ce avant même de parler de postures, de souffle et de méditation. Ainsi à l’image de la chenille qui durant plusieurs semaines, à l’ombre du monde, recluse dans le silence se métamorphose lentement et avec constance. Et dans un dernier détachement, jetant ses vieux habits elle vient de naitre à elle même.
Le 1er envol vers sa liberté n’est alors plus qu’une question de temps.
Anaïs
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